Mauvaise gestion, dysfonctionnement de la justice, déficit de communication, non-maîtrise de la gestion du cadre macroéconomique… le chef de l’État peine à imprimer ses marques, plus d’une année après. Va-t-il continuer à se mordre les doigts avec une équipe qui ne rassure pas ou va-t-il s’assumer, en nettoyant ses écuries, allant jusqu’à fouiner ailleurs des vertébrés capables de rentrer dans sa philosophie de gestion de la res publica?
Le chef de l’État vient de passer plus d’une année au pouvoir, avec une équipe qui ne fait qu’accumuler des fautes. Il a un choix à opérer : ou il reste stoïque, en assumant les faiblesses de ses collaborateurs devant le peuple, ou il prend la responsabilité et le courage de sauver le navire avant qu’il ne chavire.
Que reproche-t-on au chef de l’État ou,mieux, à son équipe exécutive ?
« Plusieurs couacs », a répondu un analyste avisé. En effet, l’opinion nationale aurait dû se taire si les choses se passaient autrement. Mais il se dégage que plus l’actuel pouvoir avance, plus il commet des erreurs. La dernière en date est la descente du vice-ministre de la Justice à l’ex-prison de Makala, où il est allé rendre visite aux détenus dans l’affaire du prétendu détournement des fonds de la construction des sauts-de-mouton et des constructions de bâtiments sociaux dans le cadre du Programme d’urgence de 100 jours du chef de l’État.
D’ailleurs, dans ses observations sur l’initiative prise par ledit vice-ministre de la Justice, le chef de l’État, après avoir été informé de l’agitation qui a suivi sa visite à la prison de Makala, « a rappelé ce qu’il a toujours soutenu, à savoir qu’on doit laisser en toute circonstance la Justice faire son travail en toute indépendance, sans interférence ».
Une telle position constitue, à n’en point douter, un aveu d’un certain dysfonctionnement au sein l’appareil judiciaire.
Comme le couteau du chirurgien
Dans un autre registre, il se dégage un déficit de communication ou une cacophonie dans ce domaine. Dans plusieurs dossiers sensibles, la population est déroutée par une mauvaise communication, avec des interventions à temps et à contretemps qui laissent libre cours à la rumeur et à l’intox. Sur ce point précis, le chef de l’État devrait être bien entouré et bien encadré. Ceci voudrait dire qu’il ne doit pas prendre la parole partout, n’importe quand et n’importe où. C’est ce qui fait la différence et un homme d’État.
De même, par rapport à la lutte contre le Coronavirus, le gouvernement a, dans son Conseil des ministres du vendredi 6 mars, arrêté un dispositif de contrôle et des modalités de prévention. Invité à cette occasion pour un éclairage scientifique, le directeur de l’INRB, Dr Jean-Jacques Muyembe, a informé le Conseil des dispositions spécifiques arrêtées à cette fin. Il s’agit, notamment de l’identification et de la surveillance, du suivi des températures via les caméras thermiques au niveau des postes frontaliers, des mesures de protection pour tous consistant à se laver fréquemment et soigneusement les mains avec une solution hydro-alcoolique ou à l’eauµ et au savon. Mais à y regarder de près, ces mesures ne rassurent pas du tout.
Mais il y a également la mauvaise gestion et la non-maîtrise du cadre macro-économique. Ce n’est pas garanti que la RDC pourrait entrer en programme avec le FMI au mois de mai. Le pouvoir reste dans son chapelet de bonnes intentions.
La litanie de toutes les erreurs accumulées en une année se résume par un mauvais entourage enclin à l’enrichissement rapide et illicite, sans expertise avérée.
En un mot comme en mille, le président de la République devrait vite faire pour renouveler son équipe. Pour ce faire, Félix Tshisekedi doit avoir le même courage qu’il a usé lorsqu’il a instruit la justice d’ouvrier des enquêtes sur la gestion des fonds de son programme d’urgence de 100 jours.
Malgré le sondage qui l’a donné « favori » il y a peu, sa cote de popularité a baissé auprès de l’opinion nationale, principalement à cause des malversations imputées à ceux qui l’entourent. Qu’il ne se leurre pas outre mesure. Il devra agir pour son intérêt et celui du peuple.